Mot de François Hainard


AMAZONIE ! Aujourd’hui ce mot résonne comme un cri d’alarme et parfois de désespoir : la plus grande forêt tropicale du monde ne cesse de disparaître sous les coupes rases des tronçonneuses et la cupidité des sociétés d’agrobusiness. 20% en ont déjà été effacés et Lula ne semble pas être capable d’enrayer le processus qu’il prétend faire cesser entièrement d’ici 2030. 

Pourtant, la responsabilité ne revient pas uniquement aux 9 pays d’Amérique du Sud concernés. Nous le sommes aussi : les agriculteurs d’Europe et d’ailleurs importent le soja pour nourrir leurs animaux de rente… dont nous consommons la viande et les produits laitiers. A cela s’ajoutent nos besoins en ressources minières rares et précieuses. Orpailleurs clandestins et multinationales minières (dont certaines ont leur siège en Suisse) participent à la curée avec notre bénédiction silencieuse. 

Trésor de biodiversité, système fabuleux d’épuration de l’air et de régulation thermique, l’Amazonie se savanise lentement. Le risque est que cette tendance se pérennise et qu’elle ne devienne qu’un vaste pâturage. Sans de solides lois de protection de la forêt amazonienne, comme pour d’autres forêts du monde, sa disparition est inéluctable, d’autant que les modestes lois de protection actuellement en vigueur ne sont même pas respectées faute de moyens budgétaires et de contrôles suffisants. Or, les écogestes individuels – notamment de consommation pour ce qui nous concerne – sont totalement inefficaces pour contrecarrer ou ne serait-ce que limiter les processus, si ce n’est pour soulager nos propres consciences. Il faut des politiques publiques fortes et coercitives, reconnues et soutenues internationalement. Il convient aussi d’aider financièrement les populations concernées, car on sait que la pauvreté est aussi explicative des atteintes à l’environnement immédiat. 

S’ajoute encore à cela le non-respect des peuples premiers (on estime qu’environ 480 peuples autochtones amérindiennes y vivent actuellement). Rappelons que l’Amazonie n’a pas été découverte en 1541 comme le prétendent les Portugais : cette région, ainsi que tout le continent ont été tout bonnement envahis ! Certes l’histoire est toujours écrite par les dominants ! L’Amérique du Sud ainsi que la forêt amazonienne ont toujours été anthropisées, bien avant l’arrivée des colons. De fabuleuses découvertes archéologiques le prouvent aujourd’hui. La grande différence avec les prédations colonisatrices d’alors et celles forestières, agricoles ou minières actuelles est que les populations autochtones avaient des pratiques respectueuses à l’égard de leur contexte. Or la population augmente : aujourd’hui, on estime à près de 25 millions les personnes vivant en Amazonie brésilienne. AMAZONIE doit redevenir un cri d’espoir, parce que cette forêt est aussi la nôtre. Elle appartient à notre humanité, bien que ce soit à ceux qui y vivent de décider de son avenir.

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